Mongolie et voyage intérieurs : récit

1ère nuit : dans le train. Soulagée de partir, je pétais un plomb à Pékin. Le train, comme toujours, m'a permis de me calmer et de dormir comme un bébé. J'ai profiter du voyage pour coucher dans un journal mes émotions et premières impressions.

TRAIN
(NUIT)
La clim souffle,
Le train file,
Mes amours parties,
Moi aussi je m'enfuis.
Dans le long dragon de fer
Qui me berce,
Qui serpente,
Dans son sillage sur vous je tire un trait.
Voiture 6, couchette 5,
Dure et douillette à la fois,

C'est pour me remettre du baume au coeur
Que je glisse vers la Mongolie Intérieure.
Nom intrigant que celui de cette région
Déjà je suis songeuse : Mongolie Intérieure,
A quoi ressembles-tu ?
Vais-je trouver en toi
Le havre de paix auquel j'aspire ?

Que je ne sois pas présomptueuse :
Je sais bien que cela ne dépend que de moi
Mais toujours, fais-moi rêver
Avec tes arides steppes, tes vertes vallées
J'attends tant de ce voyage :
Une découverte et un sevrage.

(PREMIER MATIN)
Collée à la vitre,
Mon coeur s'emplit de bonheur,
Les nuages de pluie déjà se dissipent à l'intérieur ;
Je respire.
Plaines, collines, montagnes, collines, plaines,
Scènes rurales et quotidiennes se succèdent :
Devant même les modestes habitations
Tranquilles vaquent bergers et moutons, vaches et... cochon.
Cette simplicité m'interroge :
Ont-ils ici tout ou rien ?
Sans son et sans réponse, témoin fugitive de ces instants,
Mais c'est voir cette vie qui m'importe tant !
Le ciel est bleu et la terre parsemée d'éclatantes explosions de couleur :
Les premiers tournesols sont en fleur.
Apaisée, je retourne à mon sommeil.


Arrivée à Baotou
La première sensation (qui ne me quittera pas de la journée) : odeurs nauséabondes !
Je ne suis pas arrivée à la bonne gare, j'aurais dû descendre du train à la station précédente. Ce petit retour en arrière m'a pris 2heures (pour 20km de bus...) ... sans stress puisque rien au programme pour la journée.
Je dois dire que pendant ce voyage, c'était bien la première fois que je lâchais prise et ne me comportais pas en hyperactive !!
Après quelques minutes dans le bus la vitre ouverte, je sens sous les doigts qui tiennent mon plan une texture granuleuse. Mes bras sont couverts de particules noires. Jamais de ma vie je n'ai vu autant de poussière, de charbon, et eu autant de mal à respirer.

Il me semble que les étrangers sont vraiment vraiment rares ici car tous me dévisagent (Ok, me suivent du regard autant que leurs cous le leur permettent !!) ; attitude généralement avenante, parfois méfiante, et je comprends bien qu'ils se demandent ce qe je fais ici puisqu'il n'y a rien !!!

En arrivant enfin à l'hôtel à 14h, je me suis mise au lit avec quelques douceurs (pâtisseries, bonbons, mon Tigrou) et me suis autorisée à pleurer. En "stand-by" pour la journée, j'avais bien l'intention de me délester de ma peine dans cette chambre 109 pour mieux l'y laisser en partant. Je me suis endormie. A 16heures passées, toute pâteuse, je me suis poussée à sortir constater l'absolu vide de la ville, flâner et faire quelques clichés, mais cela suscitait trop d'étonnement et d'incompréhension.

Je pense avoir la réponse à ma question : je ne crois pas que les habitants d'ici soient heureux. Trop de grisaille et de crasse, trop de misère, de gens amputés, brûlés, atrophiés. Ils survivent plus qu'ils ne vivent. Et n'ont pas le luxe de se poser beaucoup de questions. Ca force mon respect et me désole à la fois.

2ème nuit : à l'hôtel à Baotou


Le mongol s'écrit verticalement et de gauche à droite

Gorge des Sables qui Résonnent
Imaginez le Sahara en pleine steppe mongole...
Réaménagé en attraction touristique, promenades à dos de chameau, télésiège, luge et j'en passe, l'endroit est vaste et quelques minutes de marche suffisent pour se retrouver seul(e). Bon, je n'ai pas voulu trop m'éloigner non plus car rien ne ressemble plus à une dune qu'une autre dune. Je me suis amusée à m'essouffler en les grimpant en courant, et redescendre en dégringolant. A trouver différentes textures sous mes pieds (bable dur, mou, un peu humide, sec et fin, tout chaud, plus froid). C'était la vue, le toucher et les autres sens qui m'importaient (le bruit du vent, etc.). Simplement prendre plaisir et ne penser à rien.

Je suis arrivée à Hohhot, capitale de la Mongolie Intérieure, en début de soirée. Exténuée et surtout, affamée. L'hôtel où j'avais envie d'aller était assez loin du centre, je m'y suis rendue...à moto, avec un espèce de casque-militaire-qui-ne-tenait-pas sur le crâne.

Cette journée m'a pris pas mal de temps de trajet ; d'ailleurs ce que j'ai fait en 3 jours et demi, certains tours le proposent en deux, mais
1) j'aime pas les voyages de groupe
2) je voulais tout trouver, négocier et faire par moi-même

J'ai posé mes affaires et ai trouvé un petit restaurant tenu par des Hui (minorité thnique de confession musulmane, les Hui sont reconnaissables à leur petite coiffe blanche). Les pâtes étaient faites à la main devant vous (difficile de faire plus frais), et ces gens étaient si doux et souriants... je les ai remerciés pour le moment de chaleur que j'avais passé près d'eux.
J'ai partagé une jolie chambre avec 2 autres filles, chinoises. On s'est endormies en regardant La Légende de Zorro à la télé (en anglais), c'était bon.
3ème nuit : à l'hôtel à Hohhot

Steppes au campement de Xilamuren
Départ de bon matin pour 24h à la campagne. Avec un tour, dans un campement très touristique, malheureusement. Mais il est difficile de se rendre dans un campement authentique pour passer une nuit dans une famille par ses propres moyens.
Je crois que la guide ne m'aimait pas trop ! Parce que je prérérais m'isoler et faire mon petit programme tranquille plutôt que suivre les autres et sortir mon portefeuille. Bilan : 230 yuans de dépensés pour moi (transport, nuit, repas) et 600 yuans (minimum) pour eux. En fait, je n'ai juste pas fait la promenade à cheval mais ça ne me tentait pas vraiment (déjà fait l'an passé au nord de Pékin).
Enfin j'ai eu ce que je voulais : un après-midi photos et repos (leture et sieste) dans la yourte que j'ai partagée avec 3 Chinoises très gentilles.

Extrait du Lonely Planet : "Le mot "yourte", utilisé pour désigner la tente traditionnelle des Mongols, est dérivé du russe "yurt". Les Chinois utilisent l'expression "menggu bao" (littéralement "petit pain mongol"), sans doute car la tente blanche et conique leur rappelle un pain à la vapeur bien gonflé."
jugez plutôt :

Désolant : la steppe était PLEINE de détritus en tout genre. Et les toilettes, euh... typiques des WC publics en Chine (pas de porte mais plein de merde. J'aurais préféré l'inverse), j'ai joint une photo dans l'album pour vous montrer ce à quoi je suis régulièrement confrontée ! Cette fois j'ai trouvée les hautes herbes au dehors plus attrayantes ! ;-)
En soirée, nous avons eu un petit aperçu de la culture mongole sous forme très touristique et pas du tout travaillée, voire même grossière (ce n'était plus important puisqu'on avait déjà payé !) : démonstration de lutte (un pauvre spectacle de 2 minutes), de course à cheval (et aussi, ils se penchaient pour ramasser par terre, au galop, des billets. Ca, c'était impressionnant. Puis, au coucher du soleil, les chevaux sont rentrés. Il y en avait une bonne centaine, c'était magnifique, et j'ai eu l'impression qu'on nous laissait seuls au milieu de rien.
Il y a aussi eu un petit spectacle (moche lui aussi) avec chant (magnifique voix par contre), danse et violon mongole, dont la volute en haut du manche est sculptée en forme de tête de cheval. Feu d'artifice aussi.

Après, suis allée au dodo non sans avoir regardé les étoiles un petit peu. Il y en avait des millions !!!!!!!!!! J'ai eu du mal à m'endormir au milieu de toutes ces couvertures sales et poussiéreuses, ça me prenait le nez !
4ème nuit : dans une yourte dans les steppes.

Hohhot
C'est donc pas vraiment fraîche que j'ai été tirée du lit à 5h30 le lendemain pour le lever de soleil... Avalé un petit déj, bouclé mon sac et j'étais repartie pour Hohhot (dans mes vêtements crasseux), dont l'architecture m'a séduite :

toîts aux couleurs et motifs mongols, mais aussi quartiers façon Mille et une Nuit : j'ai voulu visiter une mosquée. Bon, vu que je suis une Impure, je ne pouvais pas entrer dans la salle de prière mais j'ai vu les tapis ! Et puis je suis montée au 3ème étage ; je pense que personne n'y va jamais, et, au bout d'un couloir bordée de dortoirs de garçons, j'ai eu l'agréable surprise de me retrouver dans la salle de classe d'une école coranique (il n'y avait pas cour, c'était dimanche). Un jeune garçon m'avait suivi, timide mais fier d'être à mes côtés je crois. Je lui ai montré mon passeport et lui ai montré la France sur une carte, il avait l'air content. J'ai posé des questions sur l'école, demandé si je pouvais prendre des photos. Oui, mais pas de lui. Puis il s'est absenté quelques minutes et est revenu avec sa coiffe blanche. Je savais qu'il était allé la mettre pour poser pour moi, finalement ! Et il s'est assis au bureau du professeur, l'air grave, mais je voyais bien qu'il était drôlement fier ! C'était super.
En gros, c'est tout ce que j'ai fait dans cette ville. J'ai marché le reste de la journée. Très longtemps d'ailleurs, pour me rendre à un musée que j'ai trouvé fermé. Bon, pas grave ; j'avais bien profité. J'ai rejoint assez tôt l'aéroport pour m'y poser avec un livre.

La suite vous la connaissez : en rentrant à Pékin, je n'avais que quelques heures pour tout laver (moi, mes vêtements) et rembarquer pour... Hong Kong ! :-)

Comments

[frero]

hey coucou ma louloute! !! wouuuuhouuu quel voyage !!!!! je suis fier de toi tite soeur !! :) Marine pense que tu transportes ta yourte avec toi !! ahah c rigolo hein ? je taimmmmmmme !!